Pierre Henry compose l’une des premières œuvres ou l’on métisse sciemment musique électroacoustique à musique pop « Messe pour le temps présent ». C’est cette œuvre qui fera qu’on considérera plus tard Pierre Henry comme étant le « grand-père de la techno », paternité qu’il refuse.
Métissage
Dans ces mêmes années, à l’aide de leur gérant George Martin, les Beatles commenceront à inclure de petits bouts de traitement électroacoustique à certaines de leurs chansons. L’album « Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band » est le premier album pop entièrement conçu en studio. On retrouve, sur ce disque, plusieurs chansons dans lesquelles sont utilisées des techniques électroacoustiques telles :
- la vitesse variable qui permet de faire varier la vitesse de défilement de la bande;
- « reduction mixdown » qui permet de réduire le nombre de pistes utilisées (par réenregistrement);
- le son inversé;
- la création de sonorités artificielles, ex : une décroissance de 47 secondes d’une note de piano dans « A Day in the Life »;
- l’usage d’un « jingle » sans fin sur le sillon intérieur, que ne pourront découvrir que les puristes de la Hi-Fi, c.-à-d. ceux qui refusent d’avoir une platine à arrêt automatique en fin de disque.
Cet album est considéré par plusieurs exégètes et commentateurs comme étant le premier album rock progressif.
Dans une tout autre veine, Captain Beefheart crée des albums rock plus traditionnels, mais dont les sonorités sont souvent très proches de celles de l’électroacoustique. Enfin, des musiciens tels Jimi Hendrix explorent les limites de leur instrument et génèrent des sons quasi électroacoustiques.
En électroacoustique, l’idée de métissage est apparue assez tôt (via Pierre Henry en 1968 « Messe pour le temps présent ») mais fut davantage explorée dans les années 80–90 par des gens tels Michel Chion et Jacques Lejeune. Ici, au Canada, des gens comme Marcelle Deschènes, Alain Thibault, etc. ont aussi exploré cette possibilité. Un cas d’espèce : John Oswald, torontois, qui dès les années 80 se mit à chaparder systématiquement des enregistrements déjà existants pour en proposer des « remix » très personnels qu’il nomma « Plunderphonics ». Ce qui est particulièrement intéressant avec les Plunderphonics, c’est le fait qu’il ne s’agisse pas à proprement parler de Dj-ing, ni de citation stricte, mais de véritable remix utilisant les caractéristiques sonores, techniques et timbrales de l’œuvre empruntée.