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Contact! 10.2

Printemps 1997

Comptes rendu

Polyphonie-polychromie
Patrick Ascione

Une recension de Frank Koustrup

Ce disque m'a pris par surprise. Lors des premières auditions, je n'y ai pas tellement porté attention. La musique ne m'a pas impressionné. Mais après quelques essais supplémentaires, ce disque est devenu captivant. Je le trouve maintenant presque indispensable et le considère comme faisant partie de la meilleure musique acousmatique que j'ai entendue. L'orientation stylistique de Patrick Ascione est acousmatique et s'apparente à celle de Francis Dhomont et Michel Chion. Mon indifférence du début était peut-être due à la manière distraite dont j'écoute la musique maintenant. Je ne prends presque jamais le temps de m'arrêter et d'écouter. J'ai perdu contact avec ma vieille habitude d'une écoute méditative, le type d'écoute que mérite cette musique.

Chacune des trois pièces de ce disque dure vingt minutes ou plus. «Lune Noire» débute mécaniquement mais sensuellement. Malgré leur qualité métallique, les timbres s'apparentent à la voix. «Sur Champ d'Azur» est un paysage panoramique, plutôt peint que photographié, davantage une interprétation qu'un document. Son étendue est vaste. «Valeurs d'Ombre» termine ce disque dans une ambiance plus sombre qui nous emporte. Cette pièce est belle, cependant qu'elle finit trop abruptement, sans sentiment de cadence.

M. Ascione décrit son approche compositionnelle comme s'apparentant à celle d'un peintre. Il juxtapose les couleurs sonores comme un expressionniste abstrait le ferait avec les pigments de couleurs. Tel un Jackson Pollock acousmatique, il compose des textures massives et enchevêtrées sur une toile de grande dimension. Dans l'espace, le temps et l'orchestration, la musique est gigantesque et d'une grande complexité. Deux haut-parleurs étranglent ces trois pièces. Elles exigent obstinément une salle de concert, un système à voies multiples et la pénombre. Afin de créer l'illusion d'un espace plus profond, j'ai récemment écouté ce disque avec un casque d'écoute en laissant également le son sortir des haut-parleurs stéréo. De cette façon, les hautes fréquences se répandaient près de ma tête alors que les basses fréquences résonaient de plus loin. Ce type d'écoute m'a donné une meilleure idée de l'espace musical de ces compositions.

Comme d'habitude, le produit d'empreintes DIGITALes est complet et attirant. Malheureusement, l'uniformité du graphisme dans leur catalogue commence à devenir corporatiste et ennuyante. J'aimerais volontiers voir des images plus grandes, des couleurs plus claires, une apparence plus naturelle, sensuelle, amusante. J'apprécie la présence, dans ce disque, d'informations biographiques et de notes de programmes d'une telle profondeur. Une autre lecture par un correcteur compétent aurait permis de corriger les fautes dans le texte anglais.

Ce CD est disponible chez empreintes DIGITALes

- Frank Koustrup

© CEC 1997

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