« Motility » est une composition pour deux voies stéréo, créée à l’origine pour être diffusée dans le cadre de l’émission « Ad lib » que je réalisais pour la radio universitaire. Comme la radio diffusait uniquement en mono à l’époque, je ne me préoccupais pas beaucoup de la séparation stéréophonique, comme en fait foi la séparation gauche-droite relativement élémentaire dans cette pièce. La version originale de 1968-69 comprenait des sons de grosse caisse (gauche) et de cymbale (droite) en plus du clavecin à l’avant-plan. La pièce durait environ 50 minutes. Pour cette version révisée, d’autres sons de grosse caisse et de cymbale suspendue ont été ajoutés au matériau source.
Le titre, emprunté à la biologie, fait référence au mouvement des organismes unicellulaires (amibe, paramécie, protozoaire) dans un milieu hydrique. C’est ce que la musique doit représenter, ce qui en fait une œuvre programmatique. Deux idées sont essentielles dans la pièce : le mouvement des organismes unicellulaires et le milieu hydrique. Le clavecin représente le mouvement des organismes, à des degrés d’activité variés ; il est le centre d’attention, à l’avant-plan, comme lorsque l’on regarde des formes de vie au microscope. La partie de clavecin est extraite d’une longue improvisation solo, au cours de laquelle se développent des variations sur quelques motifs et un jeu sur le registre, la texture, les ritardando et accelerando, les agrégats sonores, l’attaque et l’extinction. Ces caractéristiques font l’objet de manipulations supplémentaires lors du mixage final. Par exemple, la qualité d’« étrangeté » de ce monde caché est produite par la combinaison de directions opposées de lecture (normale et inversée) de la partie de clavecin et les déplacements sur les voies de mixages. Des effets de scintillement ou de fluctuation de hauteur sont produits volontairement à l’aide d’épissures ou de joints de mauvaise qualité qui nuisent au défilement du ruban à la lecture. Même les « clics » produits lorsque les doigts se retirent des touches du clavecin ont été laissés pour leur effet sonore.
Le milieu hydrique, omniprésent, est représenté par des roulements continus sur les cymbales et la grosse caisse que l’on entend tout au long de la pièce et qui varient seulement en intensité. Les pistes de cymbales sont lues à la moitié de la vitesse et ont été enregistrées séparément. Dans la version révisée, chaque canal compte une grosse caisse et une cymbale. « Motility » peut être considérée comme un prolongement de l’idée de pièces à sons-pédales (drone). Pour le dire simplement, elle combine un arrière-plan statique (percussion) et un avant-plan actif (clavecin). La musique se développe lentement et culmine dans un double climax près de la fin. La pièce devrait être écoutée à un niveau d’intensité modéré. Sur une chaîne audio de moindre qualité, les basses fréquences devront être renforcées.
« Motility » est dédiée à William Thiele, le percussionniste qui a participé à la
version originale, ainsi qu’à mes autres collègues de l’époque, dont l’amitié et l’humour étaient
indispensables en ces années universitaires si particulières et difficiles. La version originale a
été réalisée et diffusée au Bard Recital Hall de la State University of New York, à Buffalo en
1968-69. La version révisée a été enregistrée en janvier 1986 et diffusée à la Music Gallery de
Toronto (Ontario), en mai 1986.
Traduction: Yves Charuest
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générée par litk 0.600 le jeudi 22 septembre 2022.
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