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Il est ici question d'une « forme particulière de la tragédie humaine ». Espace de l'insécurité ontologique, de la perte du réel, de la déstructuration de l'être et de l'éclatement de sa personnalité, où se construit un univers d'implacable enfermement : celui de la schizophrénie. Il ne s'agit pas, on s'en doute, d'une réflexion scientifique. Les « commentaires cliniques » qui jalonnent l'œuvre —ces gloses d'un thérapeute/choryphée (d'ailleurs non dépourvues de tendresse)— ne font qu'introduire la distance, ménagent les césures qui épargneront le pathos au pathétique, et à notre regard, le voyeurisme. Lecture poétique d'un texte qui n'a pas vocation à l'être, mais dont les images s'imposent par le poids du message et le tranchant des mots. Aussi ai-je pris le parti de l'intelligibilité, ne provoquant des brouillages sémantiques qu'en écho à l'apparente déroute verbale, compagne obscure du délire. « Sous le regard d'un soleil noir » est l'histoire d'un naufrage : dérive hallucinée à travers un paysage obsessionnel dont la note « si » est l'obsédant personnage, axe tonique qui cimente entre elles les huits sections, véritable ostinato, « Invention sur un ton » : le souvenir de Wozzeck se profile alors et le symbole d'un homme qui, dit Jacques Drillon : « se noie dans le lac parce qu'il a atteint le point d'inexistence sociale et intérieure au-delà duquel il n'y a pas de retour possible ». FD
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