1980
Développement de la musique par ordinateur. C’est la prémisse de l’utilisation de synthétiseurs programmés par ordinateur pour faire des performances en direct (Buchla).
La numérisation
L’arrivée de l’ordinateur en musique électroacoustique a permis la démocratisation des équipements, la hausse de leur qualité, une réduction de leur coût et une manipulation sans dégradation apparente de la qualité sonore. À cela s’ajoute surtout le fait qu’il permet de conserver les sons, de les travailler via une ou plusieurs formes de synthèse, de servir comme outils multipistes, etc. Tout cela est dû à la numérisation.
La numérisation est une méthode de représentation de données ou de grandeurs physiques. Cette représentation est faite par l’utilisation de nombres qui permettent de saisir des données, de les traiter, les transmettre, les stocker, les traiter, etc.
Elle s’oppose donc au système analogique qui, lui, était un système « non compressible », c.-à-d. continu et constitué de valeurs variables. À titre d’exemple, dans les systèmes analogiques, les signaux tels ceux de la radio ou de la télévision étaient véhiculés sous la forme d’ondes électriques continues. Avec la numérisation, ces signaux sont plutôt codés en suites de nombres binaires, eux-mêmes souvent regroupés en système binaire plus englobant (groupes de 0 et de 1). Le signal se compose alors d’un ensemble discontinu de nombres binaires et devient alors un fichier de nature informatique, c.-à-d. que l’ordinateur peut composer, décomposer et recomposer à volonté sans qu’il y ait de perte. En bref, c’est la possibilité de réduire le signal à cette suite de nombre simple (0-1) qui donne au numérique la flexibilité qu’on lui connaît, car il ne travaille plus en temps réel, mais en réduisant ou en reconstituant des suites de nombres lesquels peuvent être, parmi autre chose, des sons.
Son champ d’impact couvre donc tous les secteurs entrevus jusqu’ici c.-à-d. : les interfaces (enregistrement, reproduction); les traitements processeurs (génération de sons de synthèse, reverb, égalisation, compression, etc.), les processus compositionnels, l’édition, le mastering, le pressage de CD, etc.
Enfin, la numérisation a aussi un grand impact sur la façon de composer la musique. Certains l’utilisent pour ses capacités, et d’autres en explorent plutôt les limites ou impossibilités. De cela sont nées certaines esthétiques « subversives » ou parallèles. Parmi celles-ci, on retrouve le « hardware hacking » (détournement d’un circuit ou d’un appareil électronique de sa fonction originelle), l’esthétique « lowercase » (exploration des bruits de fond, des erreurs numériques qui, malgré le désir des fabricants de logiciels ou d’ordinateur, demeurent), etc.
On peut dire sans exagérer que tous les progrès technologiques actuels reposent pour l’essentiel sur cette innovation technique qui est sans nul doute une des plus importantes de l’histoire de la technologie.