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Printemps 1997

Comptes rendu

Lattice
Jerry Hunt

Une recension d'alcides lanza

Le compositeur américain Jerry Hunt (1943-1993) faisait certainement bande à part, explorant tranquillement et logiquement des territoires sonores inconnus, parfois inspirés de l'éloignement des peties villes du Texas. Le disque compact «Lattice» est un nouveau montage des disques vinyles originaux de 1979 (Irida 0026 et Irida 0032). Lattice est un petit trésor pour l'auditeur curieux qui recherche des nouveautés par des compositeurs peu connus. Sur ce disque, le compositeur lui-même joue de ses instruments mécaniques et électroniques modifiés.

La première pièce, «Lattice», présente des motifs répétitifs sur des pistes superposées. L'ostinato progressif, approximativement à 10' dans la pièce, présente un certain intérêt dans cette oeuvre plutôt longue, qui explore également les registres graves. À ce point, une séquence de traits rapides semblent s'opposer à la verticalité du flot d'accords, accentuée par le tintement de cloches attachées aux bras de l'interprète. Autre élément important à 18:30, une «pédale» produite par les lignes horizontales qui convergent quelques secondes plus tard en une région quasi tonale. À partir de 20', on perçoit une Coda qui retravaille des matériaux utilisés auparavant avec une insistance de dernière minute sur les octaves graves, mais qui se mélangent curieusement avec les sons plus aigus. La conclusion plus «terre à terre» comprend un lent ritenuto et un arrêt abrupt.

La seconde pièce, «Transform» («Stream») de 1977, capte l'attention de l'auditeur par son début sifflant, en contraste avec le piano percussif de «Lattice». Écrite en hommage au père du compositeur, cette pièce gutturale se tient aux limites de la vocalisation. Il s'agit plus d'un assemblage de sons de respiration, parfois rythmique, avec les bruits secs dûs à la prise de son très rapprochée, entremêlés de tintements. Des couches de matériaux suggérant des vocalisations, incluant des moments de filtrage de formants presque parlés, amalgamant la respiration et les sifflements, lui donnent un aspect plus mélodique. J'ai été touché par la dernière intervention sifflée (... une référence sonore à son père…?).

Ce CD peu commun se poursuit avec «Cantegra» qui change immédiatement l'ambiance. La pièce est sombre et inquiétante, mélangeant vocalisations, paroles déformées et prononciations primitives gutturales. Des changements de vitesse créent des changements d'identité du matériel vocal, qui devient presque instrumental.

«Transphalba» est une pièce obsédante. Ses éléments mélodiques sont ponctués par de brefs jaillissement de bruits, en même temps qu'un flot de sons «rebondissants» constitue un accompagnement. La pièce est passablement distincte des autres en ce qu'elle inclue des sons de plus longue durée et des contours clairs en crescendo et diminuendo.

«Volta» («Kernel»), la dernière pièce, est principalement vocale, la ligne vocale solo étant entièrement détachée de sous-entendus sémantiques. Elle tient plus de la litanie ou de la prière. L'apport des percussions est convaincant et est rendu avec des nuances dynamiques raffinées et un synchronisme de grande valeur.

Toutes ces pièces ont été écrites entre 1976 et 1979 et représentent la période intermédiaire du compositeur. Elles ont en commun des techniques de studio telles que le filtrage, l'utilisation de boucles et un travail multipiste naïf. Le compositeur réalise avec assurance non seulement ses parties de piano, mais également ses vocalisations ou ses parties de percussion. Nous devons considérer ces versions comme définitives, le caractère improvisé, l'absence d'une notation transmissible, et la mort du compositeur rendant toute autre performance de ces pièces impossible.

Ce CD est disponible chez CRI

- alcides lanza

© CEC 1997

 

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