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Incredibly Soft Sounds

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Incredibly Soft Sounds  est un projet de commissaire qui a été accueilli du 8 janvier au 7 février 1998 à la Galerie 101, un centre d'artistes autogéré à Ottawa (Canada). Présenté sous la forme d'une exposition de groupe, l'événement a réuni, à partir d'un appel de projets, 12 artistes oeuvrant dans le domaine de l'installation audio.

Le thème suggéré par Incredibly Soft Sounds, qui se traduit simplement par des sons extrêmement doux, invitait les artistes à explorer un art sonore à la limite de l'audible, en référence à des notions aussi diverses que le lointain, le minuscule, le privé et le secret, l'intime et le fragile.

C'est par opposition à des modes de vie qui incitent à une écoute superficielle, où la musique sert de fond sonore aux activités les plus diverses, que l'exposition Incredibly Soft Sounds a pu susciter la curiosité du public et l'emmener à porter attention à des environnements sonores habituellement ignorés.

Les artistes ont répondu à l'appel de projets de différentes façons, ce qui souleva des interprétations du thème de l'exposition en évoquant des espaces tantôt lointains, tantôt intimes, voire situés à l'intérieur même du corps. Brandon Labelle, avec l'oeuvre aroseisaroseisarose , rêve au son qu'aurait sa voix si l'on pouvait l'entendre de l'intérieur de la bouche plutôt que de l'extérieur: le résultat est une voix dont les attributs mettent l'emphase davantage sur le tactile et le viscéral que sur le linguistique. Les sons exposés par Christof Migone (Crackers) et Terence Dick (Ear to ear to hear) , de par leur situation à l'intérieur du corps de l'auditeur, explorent l'intimité à travers l'expérience somatique. Dans les sensations de cet ordre-ci, la distinction entre l'ouïe et le toucher disparaît. Encore plus profondément à l'intérieur du corps, Belief de Sandra Szasz questionne la double nature de la pensée - silencieuse, mais néanmoins un phénomène essentiellement vocal.

Ce souci du corps prend une autre forme sous la main de Carl Stewart, dont Promise démontre l'effet de technologies et pratiques nouvelles dans le domaine de la sexualité, notamment la remise en question des distinctions entre ses aspects privé et public.

Parmi les artistes qui ont choisi de représenter des espaces extérieurs, bon nombre s'en tiennent à l'environnement immédiat. Chez Ian Cauthery et Noreen Battaglia, l'environnement immédiat, c'est l'espace domestique. Remaking Stitches de Battaglia suscite un mélange de sentiments contradictoires, tandis que la contemplation de Cauthery sur l'eau et l'air (Domestic Elements) conserve une économie de moyens pour en arriver à un résultat expressioniste et évocatif. Le commentaire sur l'immédiat que fait Terry Piercey (Duet for Eastern Standard Time) se sert de la recontextualisation d'un cliché acoustique.

Les autres artistes de l'exposition - Claude et Jeannine Schryer, Michael Drew Campbell, et Eric la Casa, ont introduit dans l'espace d'exposition des rassemblements de paysages sonores qui sont normalement lointains autant les uns des autres que de l'environnement qui les reçoit. Pour Campbell (pause) , c'est l'insertion d'un souvenir lointain dans un espace intime, par exemple une sacoche ou une valise. Sensations d'arbre , de Claude Schryer et Jeannine Schryer, est une méditation sur les arbres formée de la juxtaposition variée et mouvante de paysages sonores intimes et fragiles qui évoquent le lointain tout en conservant les détails les plus infimes. C'est une autre vision de la distance et de la mémoire que nous propose Eric la Casa avec Clepsydre , un dialogue entre deux sons, un qui est présent, précis et éphémère, et un autre formé de réminiscences résonantes venues d'ailleurs.

En parallèle à cet événement, la galerie a proposé deux concerts de musique extrêmement douce: Minimum volume 1 le 16 janvier et Minimum volume 2 le 30 janvier.


C'était après mon arrivée à Boston que je suis entré dans la chambre anéchoique de l'Université Harvard. Tout le monde qui me connait a entendu cette histoire; je n'arrête pas de la raconter. De toute façon, dans cette chambre supposément silencieuse j'ai entendu deux sons: l'un très aigu, l'autre très grave. Plus tard, j'ai trouvé l'ingénieur en charge pour lui demander pourquoi, si la chambre était si silencieuse, j'avais entendu ces deux sons. Il m'a demandé de les décrire, ce que j'ai fait. Il m'a expliqué que le son aigu était mon système nerveux en opération, et que le son grave était mon sang en circulation.

John Cage
de Indeterminacy,1959


Noreen Battaglia - Remaking Stitches

"Lorsque la journée est terminée et que toutes les obligations sont enfin derrière soi, le silence apparaît alors comme le son le plus étonnant. Mais même dans cette ambiance tranquille, corps et esprit continuent de frémir imperceptiblement pendant un certain temps, pour enfin trouver le repos. La pièce Remaking Stitches médite sur l'espace et le mélange des émotions issus d'une situation aigre-douce et claustrophobe. " N.B.

Noreen Battaglia est diplômée du Nova Scotia College of Art and Design depuis 1992. Artiste multimédia dont la démarche met l'accent sur la place des femmes dans l'espace domestique, Battaglia privilégie un travail avec les fibres textiles. Elle a produit des oeuvres sonores pour radio, vidéo informatique, installation multimédia et dessin animé. Durant l'été 1996 à Halifax, elle agissait à titre de commissaire pour l'exposition On my way home I was thinking, women employed by children .

Remaking StitchesNoreen Battaglia


m.d. campbell - pause

"Cette oeuvre explore les notions de technologie et de refuge. En appuyant sur la touche "play ", on déclenche les sons enregistrés sur trois calepins numériques qui, tels des oeuvres portatives et personnelles, peuvent être écoutés au moment de son choix. " m.d. c.

Les installations de m.d. campbell sont d'inspiration utopique et traitent d'environnements urbains et naturels. Son travail, qui mélange sons et images bi et tridimensionnelles, s'inspire d'espaces de banlieue tels que des parcs de loisirs et piscines.

pausem.d. campbell


Ian Cauthery - Domestic Elements

"Depuis que je me suis joint au nombre croissant de travailleurs autonomes ayant un bureau à domicile, j'ai progressivement pris conscience du potentiel artistique de l'espace domestique. Alors que mon travail antérieur représentait des éléments domestiques par le biais du dessin et du texte, le temps passé à la maison m'a amené à être beaucoup plus attentif à la réalité sonore de cet environnement. Avec l'oeuvre Domestic Elements j'espère impliquer le public dans un processus de réévaluation esthétique du son et de l'espace domestique, basé sur la valeur symbolique du paysage sonore de nos domiciles. " I. C.

Après un séjour de deux ans en Nouvelle-Écosse, Ian Cauthery est revenu vivre en Ontario, sa province d'origine. Diplômé en dessin et en estampe de l'Université de Guelph, il termine présentement un doctorat en infographie au Collège Sheridan à Oakville.

Domestic ElementsIan Cauthery


Terence Dick - Ear to ear to hear

"Alors que je préparais mon dossier pour l'appel de projets de Incredibly Soft Sounds , j'ai réalisé ma propre difficulté à entendre les sons incroyablement doux, due au bruit des acouphènes qui occupe déjà mon silence. Après de trop nombreuses soirées passées tout à côté des haut-parleurs crachant à plein volume, je dois maintenant vivre avec la constante présence d'un léger tintement dans mon oreille. Bien qu'issu de l'intérieur même de mon oreille, ce son persistant qui n'a ni source ni direction, peut tout de même être affecté par des causes externes telless que les bruits forts, la fatigue, la consommation d'alcool ou de caféine. Je me demande parfois si le tintement est réel ou s'il n'est que le fruit de mon imagination, ou encore le vestige d'un souvenir. Ce son me rappelle d'ailleurs toute la musique déjà écoutée et m'alerte de la possibilité de ne plus pouvoir entendre. Ear to ear to hear tente d'amener l'auditeur dans le monde sonore de l'artiste. " T. D.

Terence Dick a passé une grande partie de sa jeunesse à écouter de la musique. C'est en 1995 qu'il se décide à en faire et forme le duo de DJ "the rust brothers ", qui se consacre à l'improvisation expérimentale. Le duo anime aussi une émission hebdomadaire à la radio communautaire CIUT à Toronto et travaille en collaboration avec des musiciens de free jazz, hiphop et punk hardcore ainsi qu'avec des poètes. Il a signé plusieurs cassettes et un CD à tirage limité.

Ear to ear to hearTerence Dick


Que l'on veuille ou pas, les sons (qu'on appelle silence seulement parce qu'ils ne font pas partie d'une intention musicale) continueront d'exister. Le monde en regorge, au point de ne jamais s'en libérer. De toute évidence, les sons seront là tant qu'il y aura des oreilles pour entendre.

Biba Kopf, citant John Cage


Brandon Labelle - aroseisaroseisarose

"Pour réaliser cet enregistrement, j'ai placé un petit microphone à l'intérieur de ma bouche et répété la phrase "a rose is a rose is a rose" pendant environ cinq minutes, ou jusqu'à ce que la phrase ne soit plus qu'un rythme murmuré. Dans la pièce aroseisaroseisarose j'ai mis l'accent sur le langage en tant que son et les mots en tant que porteurs de désir, vaisseaux sonores qui tentent d'exprimer plus que ce dont il sont capables. La pièce vise à mettre le spectateur / auditeur en relation avec la résonance phonique des mots plutôt que leur acception lexicale, la signification de la phrase cédant ici la place à une compréhension purement sonore. La phrase "a rose is a rose is a rose", de l'auteure Gertrude Stein, cherche à dépasser la métaphore et à montrer le langage comme matière première sans référence extralinguistique. La phrase, écrite par Stein au-dessus du lit qu'elle partageait avec Alice B. Toklas, offre aussi une interprétation romantique, la rose étant le symbole poétique par excellence de l'amour. Pour Stein, a rose is a rose is a rose réécrit l'allégorie et l'expérience romantiques, recouvrant ainsi la rose de la métaphore, et exprimant par là quelque chose d'intime qui laisse résonner l'intérieur même de son corps. " B. L.

Brandon Labelle est artiste, écrivain et musicien établit à Los Angeles. Son plus récent travail met l'accent sur des installations sonores qui visent à utiliser le lieu physique de l'exposition comme un instrument de musique. Il est aussi batteur dans les groupes "Farflung" et "Purse", et pour le projet sonore "id battery".

aroseisaroseisaroseBrandon Labelle


Eric La Casa - Clepsydre

"Ce projet, comme toutes mes autres oeuvres, s'inscrit dans une recherche sur la Réalité. Clepsydre privilégie la question du Temps et des temps en cherchant à insuffler l'Ailleurs de l'eau et du vent dans le partout et l'anodin. L'installation juxtapose aux compteurs électriques, à leur métrique stricte liée à la modernité et au travail, des rythmes ancestraux issus de la nature. Ainsi, tout en développant la réalité vibratoire de ces deux temps, le dispositif insiste sur la dimension essentielle de l'être humain et de la vie: l'éphémère.

Eric La Casa est compositeur (électroacoustique), plasticien sonore (installation), et producteur radiophonique (ACR-France Culture). De 1989 à 1998, il a été directeur de l'étiquette "La légende des voix" (musique expérimentale), et est présentement journaliste à la revue "Revue et Corrigée" (musiques d'aujourd'hui).

ClepsydreEric La Casa


Christof Migone - Crackers

"Faites-vous craquer vos doigts? votre cou? vos genoux? vos coudes? vos chevilles? vos hanches? vos… Un craquement de jointure a lieu là où les os articulent une tension. Les Crackers sont des gens qui, de manière compulsive, désirent se défaire de ces tensions. Le son du craquement suscite chez certains, la grimace, chez d'autres, une sensation de soulagement. Quoi qu'il en soit, le craquement indique une cassure, un événement corporel imprévu, un ostéo-montage, une cassure cassée. Je remercie Tim Dallett et tous les Crackers : Justine Akman, Tony Daye, Marguerite Dehler, Sarah Dobbin, Vera Greenwood, Germaine Koh, Louise Levergneux, Michael Sutton. Les enregistrements pour Crackers ont été effectués dans le cadre d'une résidence à la Galerie 101 au mois d'octobre 1997. La bande sonore a été réalisée aux studios AVATAR à Québec, et le vidéo a été produit dans le studio de l'artiste.

Christof Migone a un corps radiophonique, presque invisible. Il chante faux et murmure ses obsessions en performances intimes et travaux durs d'oreille. Il aspire des micros. Il se compacte en disque. Il se débrouille les pistes. Il prend des photos invisibles. Il s'inonde dans des sceaux d'eau et de miel. Il se bruite dans des solitudes, des duos, des trios, des quatuors, des exponentiels télématiques. Il est un Avatar de Québec. Il se craque tout et le plus possible. Il est en maîtrise d'une maîtrise. Le savon dans la bouche. N'empêche que ses mots favoris restent imbattables : "torticolis et coquelicots." C. M.

CrackersChristof Migone


Terry Piercey - duet for eastern standard time

"L'installation duet for eastern standard time est une oeuvre en directe qui propose au public une série de concerts musicaux, à raison d'un par heure, débutant à l'heure pile et d'une durée approximative de cinq secondes. " T. P.

Terry Piercey est originaire de Sackville, Nouveau-Brunswick et est installé depuis peu à Vancouver.

duet for eastern standard timeTerry Piercey


En janvier de cette année j'ai eu un accident. Je n'étais pas gravement blessé, mais on me confina à une position statique au lit. Mon amie Judy Nylon m'a rendu visite et m'a apporté un disque de musique de harpe du XVIIIe siècle. Après qu'elle soit partie, j'ai mis le disque, tâche assez difficile vu ma condition. Après m'être recouché, je me suis rendu compte que l'amplificateur était réglé à un niveau très bas et qu'il n'y avait qu'un des deux canaux qui marchait. Je n'avais pas l'énergie nécessaire pour sortir du lit une deuxième fois: le disque continua donc de jouer de façon presque inaudible. C'est ainsi que j'ai découvert une façon tout à fait nouvelle pour moi d'écouter la musique, c'est-à-dire comme partie intégrante de l'ambiance de la pièce, tout comme la teinte de la lumière ou le son de la pluie.

Voilà pourquoi je recommande que cette pièce soit écoutée à un niveau relativement faible, même si cela implique qu'elle tombe souvent en-deça du seuil de l'audition.

Brian Eno
DISCREET MUSIC, notes de pochette
Obscure Records, 1975


Claude Schryer et Jeannine Schryer - sensations d'arbre

"Les questions de responsabilité et d'interprétation artistique de l'environnement nous préoccupent depuis plusieurs années et ont motivé la création d'une installation qui traite de la nature évocatrice des arbres de la région de North Bay, en Ontario. Notre démarche est ainsi née de l'observation, de l'analyse et de la contemplation des arbres dans des perspectives diverses - écologique, spirituelle, allégorique, esthétique, etc. - et en est venue à établir des portraits au caractère à la fois sonore et visuel. sensations d'arbres juxtapose des éléments visuels fixes à des paysages sonores électroacoustiques mouvants, et vise à créer un espace dans lequel le public peut méditer sur la nature des arbres. " C. S. et J. S.

Les compositions électroacoustiques de Claude Schryer explorent les aspects spirituels, musicaux et interdisciplinaires de l'écologie sonore. Ses activités professionnelles sont principalement dans les domaines de l'électroacoustique, la production interdisciplinaire, l'écologie sonore et les arts médiatiques.

Née à Ottawa en 1934, Jeannine Schryer demeure à Callander (Ontario), où elle est active comme artiste depuis de nombreuses années. Au coeur de son oeuvre se retrouve la constante préoccupation de la conservation de l'environnement alliée à une interprétation artistique de la région nord-ontarienne. Ses oeuvres font appel à diverses techniques, dont le collage et l'estampe, ainsi qu'une variété de matériaux tels les peintures acrylique, à l'huile et en bombone, les fibres textiles, des objets trouvés et différents métaux.

sensations d'arbreClaude Schryer, Jeannine Schryer


Carl Stewart - Promise

"Pour certains hommes gais, les lignes de rencontre téléphoniques représentent une alternative aux bars. Pour d'autres hommes, ce sont les films pornographiques gais. Ces deux approches se fondent sur la promesse et l'espérance que les gars ressembleront aux descriptions physiques fournies sur les lignes de rencontre, et que la relation sexuelle correspondra à celle vue dans les films. Promise: Hi guys et Score , traitent de ces deux éléments. Hi guys rappelle la salutation informelle habituelle qu'on retrouve au début de la plupart des messages sur les lignes de rencontre, alors que Score signifie à la fois la bande sonore d'un film et le fait de trouver un partenaire sexuel. " C. S.

Carl Stewart, tisserand et cinéaste, vit et travaille à Ottawa.

PromiseCarl Stewart


Sandra Szasz - Belief

"Belief explore ma réalité intérieure: mes émotions les plus intimes, mes convictions les plus profondes. Pourquoi une oeuvre sonore? Parce que mes écrits sont d'abord des pensées, des sons dans mon esprit, et que même après les avoir fixés sur le papier, j'éprouvais un sentiment d'insatisfaction. Belief représente le son de mes pensées. Mes émotions sont exprimées à travers les modulations de ma voix.

Sandra Szasz a fait des études en arts plastiques et en estampe à São Paulo (Brésil) et à Montréal.

BeliefSandra Szasz


Emmanuel Madan, commissaire invité

Emmanuel Madan est compositeur de musique électroacoustique et concepteur d'art sonore. Après avoir travaillé quelques années dans le milieu de la radio communautaire, il collabore maintenant avec des poètes, des cinéastes, des vidéastes, des architectes, des informaticiens et artistes multimédia dans le cadre de différents projets artistiques. Il est actuellement impliqué dans la production d'une oeuvre pour un ensemble d'imprimantes matricielles. En 1996, la Galerie 101 l'invitait à agir comme commissaire d'une exposition d'art sonore. Incredibly Soft Sounds en est le résultat.

Emmanuel Madan remercie sincèrement Tim Dallett suburban@cyberus.ca pour son aide à la conception et l'installation du projet, ainsi que Chantale Laplante, Sylvain Mathieu et François Dion pour leur travail de traduction et de correction du texte français.

Conservateur: Emmanuel Madan

Web editors: Yves Gigon & Jef Chippewa

Traduction: Chantale Laplante, Sylvain Mathieu and
François Dion.


Les Artistes:

gallery 101
http://www.gallery101.org

© Productions electro Productions (*PeP*) 1998

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