Porteuse de grandes promesses
La radio fut porteuse de grandes promesses créatives que, malheureusement, elle ne tiendra pas. L’usage de musique « live » dans presque tous les programmes créera, en plus, d’énormes problèmes à l’industrie du disque qui « devra faire avec ».

Un des compromis qu’acceptèrent les compagnies de disques (RCA-Victor la première) fut de faire des « combinés » (des radios dotées d’un gramophone électrique). Le gramophone perdra alors un peu de son autonomie pour devenir un complément de la radio.

Un impact culturel négatif
La radio aura aussi un impact assez négatif culturellement parlant. Avant son arrivée, il y avait une certaine diversité culturelle grâce notamment aux « Race Records » c.-à-d. aux musiques issues de la communauté noire (le Blues, le Dixieland, le Hot Jazz). Tous ces genres qui permettaient souvent aux compagnies de disques de faire leur pain et leur beurre seront peu à peu (mais inexorablement) assimilés par la musique occidentale via le Swing et les Big Bands que les radios affectionnaient et plaquaient d’un revers à l’autre de leur programmation.

D’une manière générale, la radio, malgré les innovations qu’elle permit dans le domaine du théâtre radiophonique et de la technique, contribua donc beaucoup à standardiser et banaliser les musiques populaires en uniformisant — voire en annihilant — les pratiques.

Un potentiel créateur
Cela n’a pas empêché certains artistes d’en entrevoir le potentiel créateur. En France, plus particulièrement, vers 1920, Gabriel Germinet écrivit un ouvrage sur cette question et créa, vers 1923, la pièce de théâtre « Marémoto », un drame radiophonique jouant sur les effets sonores et la véri-similitude pour recréer un naufrage. Celui du Titanic était encore vif dans les mémoires et de ce fait, beaucoup de ceux qui purent capter l’émission crurent qu’ils étaient témoins en direct d’un naufrage du même type. L’œuvre aura, toutes proportions gardées, le même impact que « The War of the Worlds », réalisée par Orson Welles et le Mercury Theatre on the Air. Cette pièce de théâtre diffusée par CBS, le 30 octobre 1938, suscitera une véritable panique par son sujet et son traitement — la terre envahie par des martiens.

Un rôle de diffuseur important
Il faut aussi donner à César ce qui revient à César. Malgré son conservatisme, la radio jouera un rôle très important comme diffuseur de la musique électroacoustique, parce qu’elle fut et est encore — cela est moins vrai maintenant — la seule à diffuser ce type de musique sur une assez large échelle, et ce, même si elle le fit souvent par obligation et tentait de faire en sorte que les programmes ou étaient diffusés ce type de répertoire soit placés dans des tranches horaires ingrates. Il ne faut pas non plus oublier que la musique concrète y naitra, en 1948.