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Critiques de CD reviews

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iv 2001

Nicolas Borycki, David Berezan, jef chippewa, Michael Gurevich, Daniel Romano, Julien Roy ou Ivan Zavada : des noms qui ne vous disent probablement rien. Pour en avoir croisé quelques uns dans les corridors de l’Université de Montréal et de l’Université McGill, je sais que ces jeunes compositeurs électroacousticiens cherchent toujours de nouvelles voix pour faire connaître et diffuser leurs musiques. Un nouveau CD intitulé Cache 2000 vient de paraître et comprend 14 oeuvres électroacoustiques, de 14 jeunes compositeurs âgés dans la vingtaine.

Cache 2000 est seulement le volet CD d’un projet plus large créé l’année dernière par la CEC (Communauté Électroacoustique Canadienne) et qui s’adressait aux jeunes créateurs sonores. Un appel d’oeuvre a été fait pour souligner le nouveau millénaire. Le CEC a reçu 37 soumissions et un jury composé de 40 membres a d’abord sélectionné les 14 meilleures compositions. Ce sont ces oeuvres qui sont présentées sur Cache 2000. Chose intéressante à noter sur ce CD, les pièces sont présentées selon l’ordre alphabétique du nom des compositeurs; probablement pour ne pas donner l’illusion de gagnants. Tous les titres soumis pour le projet sont disponibles en format MP3 sur le site internet de la CEC. Pour compléter le projet, un volet concours (Jeu de temps/Time Play) à été organisé. Le jury a choisi 3 oeuvres gagnantes et un prix du public a été décerné après une diffusion en concert de toutes les pièces.

Ce qui surprend avec ce CD, c’est la qualité et le professionnalisme de ces jeunes compositeurs. Tous contrôlent merveilleusement la technologie et pour la plupart savent utiliser un langage conforme au médium. Une oeuvre comme "Le Diable au Teint Orageux" de Nicolas Borycky est particulièrement surprenante. Ce jeune compositeur, né en France en 1972 et résidant à Montréal depuis 8 ans, fait preuve d’un excellent contrôle de son matériel et de son développement. Il élabore un excellent mélange de sons identifiables (eau, vent) et de transformations sophistiquées. Yves Gigon dans "Crickpet" utilise des technologies de transformations récentes telles que la synthèse granulaire et le time stretching. Il en résulte une pièce un peu planante mais très intéressante. L’oeuvre de Christien Ledroit est aussi forte, avec une bonne qualité de matériel et bien traitée

D’autres oeuvres sont peut-être moins heureuses... "Soft White" de Michael Gurevich explore la transformation en temps réel. L’oeuvre est une interaction entre un saxophone alto et un ordinateur Macintosh utilisant Max et MSP. Malgré quelques transformations intéressantes du son du saxophone à l’occasion (une sorte d’harmonisateur qui donne un timbre particulier au saxophone), l’oeuvre demeure assez banale. L’écriture pour le saxophone est pauvre, d'aucune nouveauté ou originalité, à la limite de l’insignifiance. De plus, la plupart du temps on ne sent pas vraiment la transformation du saxophone et le résultat se résume en un halo sonore sans intérêt. Le tout est noyé dans un texte parlé et traité avec de l’écho qui se veut peut-être provocant parce qu’une voix féminine nous dit "I want to be f____."

Une autre oeuvre, "Duo" de jef chippewa, utilise le saxophone mais d'une façon beaucoup plus originale et convaincante. L’écriture pour l’instrument est très près du Free Jazz et l’interaction avec les sons électroniques est recherchée et nouvelle. Par exemple un slap-tongue au saxophone se continue en écho et est transformé de façon très sophistiquée par l’électronique. Un gliss dans le sur-aigu de l’instrument se "poursuit" dans les sons synthétisés sans qu’on le perçoive.

Un autre intérêt de ce disque réside dans la diversité des styles chez ces jeunes compositeurs. On sent chez Julien Roy et sa pièce "Rémanence" (Remix) une influence très marquée du Rock. Encore une fois nous sommes loin des clichés de solo de guitare électrique, mais il y a plutôt une omniprésence rythmique très bien développée qui séduit par sa subtilité.

Le CD est produit par PeP (Productions electro Productions/CEC) et n’est pas disponible en magasin mais via Diffusion I Media sur leur leur site Web. De plus le CD ne contient pas de livret mais l’information est disponible sur le site internet de la CEC. Malheureusement, le trajet sur le site pour rejoindre les notes biographiques et de programmes est un peu complexe. De plus, les compositeurs ont donné leurs notes dans leurs langue maternelle et aucune traduction n’est disponible.

This article first appeared in the CAML Review. Reprinted with permission

Robert Lemay
Huntington College
Sudbury, Ontario

Concordia University / Université Concordia

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