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Œuvres radiophoniques

Les modes de présentation de la musique ont connu des transformations profondes au cours du XXe siècle. Les procédés mécaniques d’enregistrement, datant d’une centaine d’années, permettaient de capter le son et de l’acheminer jusque dans les maisons, mais cette disponibilité de la musique dépendait toujours des choix et des préférences des membres de la famille.

La distribution électronique en temps réel des sons, choisis par d’autres, a contribué à l’émergence de nouveaux modes d’écoute et suscité l’intérêt des compositeurs, dans le milieu des années soixante, pour la composition d’« œuvres sonores » destinées à être diffusées à la maison. À l’instar de la musique de concert, ces œuvres étaient indépendantes de tout contrôle de la part de l’auditeur.

La radiodiffusion et la télédiffusion acheminaient chez les gens des objets qui continuaient à être présentés indépendamment de la présence de l’auditeur et qui n’étaient pas soumis à son contrôle, contrairement aux médias enregistrés.

Ceci a eu pour conséquence, dans bien des cas, une transformation du mode de pensée de l’artiste créateur. Bien que le paradigme du XIXe siècle de l’énoncé artistique minutieusement élaboré soit encore possible pour la musique de concert (le compositeur sachant que la plupart des auditeurs resteront jusqu’à la fin de la pièce), le compositeur d’œuvres radiophoniques est conscient des possibilités que l’auditeur syntonise la pièce alors qu’elle est déjà en cours, qu’il puisse ne pas en entendre certaines parties, qu’il puisse en manquer la fin. Si toutes les œuvres radiophoniques ne tiennent pas compte des limites de ce modèle de présentation publique, le créateur les importe dans le canevas sonore.

La Solitude Trilogy du pianiste et compositeur canadien Glenn Gould est un œuvre marquante dans la production radiophonique. Cette œuvre est constituée d’une série de pièces assemblées les unes aux autres comme une courtepointe dont chaque partie est importante et dont le tout fait sens, mais avec la conscience que le degré d’attention dans l’écoute des différentes parties peut varier.

C’est l’acceptation par le compositeur de cette possibilité d’une écoute fragmentée qui distingue les œuvres « radiophoniques » de la musique de concert ou des œuvres destinées à une diffusion particulière ou « sur demande » (telles que celles offertes sur CD ou cassette pour être écoutées à la maison ou dans la voiture).

C’est dans cet esprit qu’en 1998, la CEC a invité les membres de la communauté internationale des créateurs d’art sonore / radiophonique à proposer des œuvres pour le présent projet. Le site, qui est maintenant fonctionnel, demeurera un lieu d’archives et sera mis à jour périodiquement.

« Restez à l’écoute » prend un tout autre sens.

Kevin Austin
kaustin@vax2.concordia.ca
septembre 1999
pour l’équipe de production *PeP*

Traduction: Yves Charuest

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